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02 Jul

QUE SE PASSE T IL AU MALI?

Publié par project-world-vision  - Catégories :  #top secret,Ce que l on ne vous dis pas

Afghanistan ou Somalie, Libye et Syrie, le Mali vit dans sa chair, ce cruel processus. Il y a d'une part, une crise humanitaire galopante, avec une centaine de milliers de déplacés, les pénuries sur certaines denrées alimentaires. D'autre part, une crise politique énorme, avec tout d'abord un chaos légal menaçant, en l'absence de structures administratives, mais aussi la question des acteurs en place sur la question du règlement de ce cas. La CEDEAO (Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest) est actuellement le premier interlocuteur, mais les questions tactiques sont en suspens, devant l’inextricable de la situation.Ou bien la partition du pays, ou bien l'intervention militaire coalisée, or l’Union Africaine et la CEDEAO réclament une assistance logistique aux Etats-Unis et à la France. Seulement, les scénarios sont peu évidents, en cas de conflit armé de type "ingérence humanitaire et démocratique", le Mali pourrait se trouver engagé dans une guerre relativement longue, qui se solderait par l'installation durable de forces militaires occidentales, OTAN ou autres, ainsi que d’une instabilité perpétuelle, « une nouvelle Somalie  », comme l’annoncent certains humanitaires. La solution de partition est encore quelque peu vue comme une hérésie, l'intégrité territoriale des dominions étant une logique néocoloniale nécessaire au contrôle par l'incohérence sociale et le maintien forcené de structures étatiques multiethniques aux trop faibles défenses, de toutes évidences, face aux menaces des uns et des autres. Pour le moment, le président français François Hollande a nommé l'ancien ambassadeur d'Egypte, Mr.Paganon, comme "représentant Sahel". Ce dernier a fait savoir au premier ministre malien Mr. Diarra, "qu'il était hors de question pour la France de s'engager dans le soutien de revendications indépendantistes".

L'AFRIQUE DANS LE GRAND JEU, ENTRE USA ET BRICS 

Pourtant, il faudra agir rapidement, et il semble qu'il n'y ait qu'une curieuse idéologie qui empêche de poser clairement l'option de la partition, ce à quoi se refusent sans même y réfléchir, les services diplomatiques au Quai d'Orsay. Les Américains ne sont d’ailleurs pas sur la même position, et on a encore quelque difficulté à deviner leur volonté et leur objectif concret, sur ce dossier. Bien entendu, il faut rappeller aux lecteurs, que l’Afrique fait l’objet d’une attention inédite de la part des américains depuis un certain nombre d’année. En Juillet 2008 est créé l’AFRICOM, centre de commandement unifié des armées américaines sur le continent africain, comme il en existe pour chaque district mondial. L’Afrique était jusque-là le seul continent à échapper au dispositif américain. La réflexion dure déjà depuis 1983, mais c’est devant l’affaiblissement définitif des puissances européennes que les américains ont franchi le pas. Le think-tank américano-israélien Institute for advanced strategic and political studies (IASPS) a particulièrement œuvré à finaliser le projet.

Les principaux objectifs de ce déploiement sur le continent sont : étendre le concept de « guerre contre leterrorisme » sur les fronts Nord, Sud, Est et Ouest de l’espace sahélo-saharien (Libye, Somalie, Maghreb) ; appuyer à tout prix la dynamique de contre-offensive économique, face à l’influence grandissante de la Chine sur le continent (mais aussi d’autres pays des BRICS) ; et enfin, assurer à tout prix un contrôle sur l’approvisionnement en hydrocarbures africains (Afrique du Nord, Golfe de Guinée). Grâce à la mise en place du Partenariat transsaharien contre le terrorisme et grâce à la mutation prévisible du GSPC en A.Q.M.I, les américains ont su s’installer et nouer des nouveaux partenariats très « pompeux » avec la plupart des pays de l’espace sahélo-saharien.

Il s’agit donc du “Operation Enduring Freedom Trans Sahara” (dit OEF-TS). La stratégie globale officielle pour l’ensemble de l’action du commandement intégré sera de s’intéresser aux opérations de sécurité et de stabilité en Afrique.

En attendant, les Mausolées Saints sont détruits par des groupes de trafiquants de drogue et d'islamistes douteux, qui imposent un joug arbitraire aux habitants de Gao. Rappelons également que l'émergence de ces conflits dans ces zones, outre les carences structurelles des nations concernées, est aussi à mettre en relation directe avec l'Algérie voisine, elle-même potentiellement candidate involontaire à un prochain "printemps coloré", sous couvert humanitaire. Toutefois, rien n'est si simple et si l'Algérie, premier producteur de pétrole en Afrique, résiste là où Kadhafi devait absolument être éliminé, c'est que le régime des Généraux n'ignore rien du réalisme politique dont il doit faire preuve.

Les américains, disposent depuis 2000 d'une base dans le Sahara Central (Le Quotidien d'Oran du 20 Juillet 2003), sur le territoire algérien, à coté de l'oasis d' Ihérir et au nord-ouest de Djanet. Une étude fort intéressante émanant du Centre de recherches sur le terrorisme nous apprend que cette base, se trouve précisément dans le secteur où l'enlèvement des touristes allemands en 2003 s'était déroulé. Il semble que soit à partir de cette période que l'on commencé à sentir une forte couverture médiatique, ponctuelle, sur les "maquis islamistes" dans le Sahara. Depuis lors, les américains se sont remarquablement bien implantés en Algérie, avec une influence considérable sur les médias, l'Etat Major de l'armée et les hauts cadres des renseignements. N'oublions pas que les services algériens sont en partie, à l'origine d'un certain nombre de groupuscules islamistes terroristes, qui sévirent dans les années 1980-1990, dont notamment le GIA et le GSPC. (Voir à ce sujet, "Les GIA sont une création des services de sécurité algérien", selon Mohammed Samraoui, ex-officier de la Sécurité Militaire Algérienne, en exil en Allemagne, dans Libération du 15 Novembre 2003). Concernant le GSPC, voir les études de François Gèze et Salima Mellah, tous deux membres de l'association de défense des droits de l'homme "Algéria Watch".

La situation de ce point de vue, est spécialement tendue en Algérie, et il est évident que la déstabilisation de la Libye kadhaffiste, eut de funestes effets pour l'ensemble de la région, même si de toute évidence, le processus était en marche depuis un certain temps. Qui sont donc ces islamistes actuellement en place au Mali ? A la vérité, il suffit de lire ou relire le très documenté dossier produit par Algéria-Watch, qui décrit avec précision, toute l'histoire des services secrets algériens et de leurs créations, GIA et GSPC, créations qui, à l'instar des américains avec Al-Qaida, ont parfois tendance à devenir incontrôlables, par moments, la manipulation de vastes groupes n'étant jamais sans conséquence et sans perte de contrôle, le terrorisme fondamentaliste étant lui-même une réalité originellement indépendante.

Quoiqu'il en soit, la spécialisation des services secrets algériens dans la manipulation/lutte contre le terrorisme, confère au gouvernement une légitimité "officielle" en tant que "gendarme du sahel délégué", vis à vis des américains, qui dès 2010, ont voulu nous effrayer, nous français, en déclarant que le Sahara serait "l'Afghanistan français".

L'attitude de la diplomatie américaine n'en est plus à un cynisme près : Washington, par la voix du secrétaire d'Etat adjoint aux questions africaines, Johnnie Carson, a mis en garde la CEDEAO contre une opération militaire dans Nord du pays. On a connu les américains bien plus prompts et assoiffés, par le passé. Carson plaide en ce moment pour une "solution politique au Mali, estimant qu'il n'y aurait pas de solution durable aux problèmes du Mali sans un interlocuteur légitime à Bamako."

On comprend donc que l'on se dirige probablement vers un scénario visant à tolérer un nouvel état islamo-mafieux en Afrique, et plus spécialement dans l'espace saharien, avec au Nord, la Libye, plus près de l'Equateur, le Nigéria et enfin, en Afrique de l'Ouest, le Mali.

"Le responsable de la diplomatie américaine a qualifié Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et le mouvement islamiste Ansar Dine de dangereux et mortels, tout en soulignant qu'ils étaient relativement petits et ne faisaient pas peser de menace sur les Etats-Unis. Ils ne sont pas représentatifs de l'immense majorité des Maliens du Nord, a-t-il observé, notant que ces mouvements étaient nourris par l'apport d'étrangers venus de pays de la région comme l'Algérie, la Libye et la Mauritanie", indique Romandie.

Guillaume de Gail, pour les Lettres de Strasbourg.

BONUS 

Pour bien comprendre la complexité, notamment religieuse et ethnographique, voire géographique de cette région, il faut vous en remettre aux fines analyses de notre Professeur Lugan, spécialiste de l'Histoire et des peuples d'Afrique.

A visionner également, cette vidéo de Darna TV, une chaine algérienne extrêmement critique par rapport au régime actuelle. On apprend que Darna TV est liée à Rachad TV, qui aurait été un temps dirigée par Mourad Dhina, physicien diplômé du MIT, ancien membre actif du bureau exécutif du FIS depuis 1992, jusqu'en 2004, date à laquelle il quitte définitivement le parti islamiste, qui menaçait de gagner les élections législatives en 1992, raison pour laquelle les services de renseignements ont déclenchés d'immenses vagues d'attentats et de crimes pour décrédibiliser ce mouvement. Dhina fonde en 2007 le mouvement Rachad (droiture) avec Mohammed Zitout, Abbas Aroua, Rachid Mesli et...Mohammed Samraoui, l'ex-agent de renseignement du DRS, qui révélait à Libération en 2003 : "Le GIA est une création du DRS". Ce mouvement "Rachad" entend promouvoir un changement non-violent en Algérie pour y établir un système de bonne gouvernance. Dhina est par ailleurs directeur d’Al Karama, association de défense des droits de l'homme et contre les abus politiciens, étatiques, militaires, etc. Les rapports de cette association sont transmis au Comité des Droits de l'Homme et contre la torture aux Nations Unies. Dhina a été arrêté en Janvier 2012 par la Police française à Orly. Le journaliste néozélandais Gordon Brown s'étonne de cette arrestation, alors que Dhina et son mouvement promeuvent les Droits de l'homme et le changement démocratique, ce qui en fait d'excellents remplaçants type "printemps arabe".

L'agenda algérien est donc bien plus complexe et les forces atlantistes ne semblent pas encore avoir d'intérêt à valider le renversement du régime actuel. L'autorisation donnée par le Quai d’Orsay et Juppé au mouvement Rachad, d'ouvrir un bureau à Paris avait provoqué quelques remous dans la classe politique dirigeante en Algérie, la France ayant toujours pris soin de ne jamais être perçue comme soutenant un mouvement d'opposition au pouvoir algérien. Il est donc clair que l'arrestation de Dhina soit une demande émanant du gouvernement algérien, ce dernier s'étant d'ailleurs plaint auprès des penauds Guéant et Juppé.

 Enfin, la journaliste d'investigation Amy Goodman, de Democracy Now ! a produit d'interessantes remarques sur le sujet aux Etats-Unis, et a notamment interviewé le journaliste Jeremy Keenan pour son livre "The Dark Sahara", l'un des premières littératures sur le sujet. Lui-même présent dans la région de Djanet entre 2003 et 2005, il évoque la stratégie de l'AFRICOM et la naissance du modèle "AQMI".

 


 

 

Source: Agoravox

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